Pour le dire de manière très rapide et elliptique, voici comment nous pourrions resituer les choses dans le temps : « Avant il y avait les Directeurs, puis il y a eu les Managers… Désormais, il y a les Soft-Skills » !
Pourquoi un tel raccourci et pourquoi le dire de manière aussi provocatrice ? Tout simplement pour marquer les esprits et prendre la mesure de ce que j’appelle une « révolution », oui, c’est un mot très fort, mais qui me semble adapté à ce qui est en train de se passer dans les organisations. Derrière ce slogan, il y a l’idée que dans un monde comme le nôtre, le format classique « manager / équipe » est bouleversé et que les entreprises sont obligées de miser sur les qualités et savoir-être de tous les collaborateurs pour rester performantes. Pourquoi cette (r)évolution ? Et pour qui ?
La bonne attitude sinon rien…
Cela fait quand même 25 ans que nous, les coachs, portons la vision d’une entreprise dans laquelle les collaborateurs seraient accompagnés dans le développement de leurs habiletés comportementales, émotionnelles, relationnelles… eh, bien, ça y est, les entreprises aujourd’hui nous rejoignent sur ce terrain ! Nous sommes à présent pleinement dans le double projet, économique et humain, que soutient tout le coaching d’entreprise. Et la révolution soft-skills ira plus loin que le coaching. Il nous faudra intégrer les qualités nécessaires pour interagir avec des robots et de l’Intelligence Artificielle ! Ce n’est pas si loin. Dans les années à venir, nous serons vraiment sur le terrain du potentiel de chaque individu. De quoi passionner les DRH qui gèrent les Talents… la réussite des projets repose sur les attitudes de tous les collaborateurs.
Dans tout le secteur tertiaire, nous sommes passés d’un mode d’exécution, avec des personnes affectées à des métiers, à un travail en mode projet pluridisciplinaire. Les sociétés de services, qui constituent aujourd’hui la grande majorité des nouvelles entreprises, en particulier dans le digital, fonctionnent en mode projet exclusivement, avec des petites équipes qui doivent se manager seules, prendre des décisions rapidement sur le terrain et font moins appel à leur manager. Ce mode, à la fois collectif et autonome, induit des capacités relationnelles, du dialogue, de la communication, de l’écoute, de la gestion des interactions, etc.. Les entreprises ne sont plus pyramidales, elles fonctionnent en étoile et en réseau – comme on dit, elles sont « plates », gérées par des grands développeurs, qui passent leur vie en réunion chez les clients et qui laissent toute autonomie aux équipes. Autant dire que, pour les équipiers et chefs de projets, il faut maîtriser l’art du travail collectif, de la décision d’équipe, de la communication, de l’agilité, de l’intelligence des situations… bref, beaucoup de la réussite des projets repose sur les attitudes de tous les collaborateurs
Ensuite il y a un contexte économique d’un tel dynamisme, que le monde de l’entreprise devient complexe et incertain. Les organisations se repensent en permanence pour s’adapter et rester dans la course. Dans les modèles d’organisation, il y a aussi des modes ! Par exemple, aujourd’hui, c’est la mode des « squad ». Entendez des équipes porteuses des sujets transversaux de l’entreprise : Loyauté du client / Innovation / Culture / etc… Sortis de leurs équipes de base, les collaborateurs reforment de nouvelles équipes (les squads) et deviennent porteurs de projets qui s’ajoutent à leurs missions principales. A leurs interlocuteurs, ils doivent là aussi expliquer leurs actions. Ils doivent convaincre sans imposer, orienter sans diriger, enthousiasmer pour réussir. De l’autre côté, ces interlocuteurs se retrouvent aussi avec une couche de reporting supplémentaire et doivent gérer leurs priorités. Chacun appartient à plusieurs équipes et a un rôle de manager, à tour de rôle. Ainsi, la complexité croissante de nos organisations de travail exige de l’agilité, de l’intelligence des situations, une bonne gestion du stress et la résolution de problèmes complexes. Soft-skills parmi les plus recherchés suivant le WEF (World economic forum). Chacun se manage et manage les autres à tour de rôles.
Les nouvelles générations sont soft
Autre point qui pousse à développer ses soft-skills : le pouvoir hiérarchique est de moins en moins reconnu par les jeunes générations et il tend à devenir moins fort. Cela ne va pas sans de profondes remises en question. On voit arriver en coaching des directeurs des opération (COO), qui doivent gérer plusieurs BU en France mais sans aucun pouvoir hiérarchique… pas évident ! Les soft-skills relationnelles sont évidemment clés dans la réussite de telles organisations.
Et l’obsolescence des compétences techniques
L’intelligence artificielle et les innovations dans tous les domaines vont très vite. La durée de vie d’une compétence technique, qui pouvait être de 20 ans au siècle dernier, peut, dans certains métiers, être de deux ans ! Les jeunes n’ont pas peur du changement, ils le demandent. Ils poussent les organisations à davantage d’ouverture, de fluidité. Il faut développer son relationnel, sa créativité mais surtout son adaptabilité et sa faculté d’apprendre en permanence.
Dans les entretiens de recrutement, la vérification des soft-skills passe avant la vérification des compétences techniques et fait la différence entre deux candidats. Vous êtes créatif, souriant, extraverti, ambitieux et à l’aise pour nouer de nouvelles relations ? Votre profil possède des atouts importants, y compris dans des fonctions d’expert ou de scientifique ! Il faut savoir que l’intelligence émotionnelle et le fait de bien communiquer sont des compétences devenues incontournables même dans les métiers les plus techniques.
Il en aura fallu du temps !
L’avenir est enfin au développement des personnes !
Isabelle André, Coach, expert Soft-Skills, Enseignante à l’IFOD